Cet article est d’abord paru dans le Journal of Commerce, le 23 décembre 2018
Par Candace Sider, vice-présidente des affaires gouvernementales et réglementaires, Amérique du Nord
Un soupir de soulagement général a été entendu le 31 octobre 2018, lorsque les parties impliquées dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ont annoncé qu’un accord avait été conclu sur les termes d’un nouvel accord ALENA. Après plus d’un an de débats, d’angoisse, de lobbying et parfois de manœuvres moins diplomatiques, les parties ont enfin trouvé un terrain d’entente.
Le nouvel accord ALENA, ou Accord Canada – États-Unis – Mexique (ACEUM) tel que Washington l’a intitulé, n’est pas nécessairement adopté de la même manière par toutes les parties prenantes, mais il réaffirme au moins la continuité du libre-échange en Amérique du Nord. Les chaînes d’approvisionnement continentales pourraient continuer à fonctionner efficacement. Les investisseurs pourraient être assurés que le rendement du capital investi (RCI) prévu se réalise, abstraction faite des mutations économiques. Des industries entières et leurs ouvriers pourraient ainsi trouver du réconfort dans les garanties offertes par le nouvel accord.
Un nouvel équilibre des pouvoirs
Les récentes élections au Congrès américain ont entraîné un changement dans l’équilibre des pouvoirs de Washington. Les démocrates étant majoritaires à la Chambre des représentants des États-Unis depuis le 3 janvier 2019, le sort du nouvel accord de libre-échange n’est pas encore certain. Beaucoup craignent que les démocrates annulent l’ACEUM pour marquer leur opposition politique au président Donald Trump. D’autres sont d’avis que les démocrates invoqueront le fait que l’application des nouvelles dispositions relatives au travail de l’accord n’est pas assez rigoureuse.
En effet, l’actuelle dirigeante de la minorité Nancy Pelosi, D-Calif., qui est assurée de reprendre ses fonctions de présidente de la Chambre, a déjà indiqué que les démocrates ne pourraient soutenir l’ACEUM que si les dispositions concernant le travail et l’environnement possédaient des mécanismes d’application plus solides. Pour encourager les démocrates à voter la ratification de l’ACEUM, le président a mentionné, lors du sommet du G20 à Buenos Aires, qu’il se retirerait de l’ALENA. Bien entendu, l’objectif est de présenter au Congrès un ultimatum : ratifier l’ACEUM ou ne pas conclure d’accord du tout. Ce faisant, le président parie que les Américains imputeront aux démocrates toute perte du libre-échange.