Le Canada a assurément beaucoup de lait et ne souhaite pas que les exportations de produits laitiers d’autres pays nuisent aux activités des fermes laitières canadiennes. Cette prise de position a eu pour effet de bloquer les négociations du Partenariat transpacifique (PTP), qui en étaient rendues aux dernières étapes.
Pendant un certain temps, les négociateurs ont attendu que le Congrès des États-Unis adopte la Trade Promotion Authority (TPA), ce qui aurait aidé à accélérer le processus d’approbation aux États-Unis. Avec ladite procédure accélérée finalement en vigueur aux États-Unis, les discussions ont rencontré cet autre obstacle, la protection pour les fermes laitières canadiennes. Le Wall Street Journal a expliqué que ces mesures, qui sont comparables aux protections mises en place dans d’autres pays, jouissent d’un soutien populaire national en raison de l’aide qu’elles apportent aux petites exploitations laitières.
Le Canada est réticent à mettre fin au système de gestion de l’offre des produits laitiers
Les mesures, connues comme étant le système de gestion de l’offre du Canada, déterminent les prix des produits laitiers selon le coût moyen de production, qui est géré par un système de quota réglementé. La concurrence, pendant ce temps, est entravée par les droits de douane. Le premier ministre Stephen Harper se trouve en pleine campagne électorale et pourrait perdre le soutien des provinces qui tirent avantage des prix élevés garantis par le système de gestion de l’offre.
Plusieurs pays qui participent aux discussions du PTP ont de fortes exportations de produits laitiers, notamment la Nouvelle-Zélande. Les importations de ces pays pourraient avoir une incidence à la baisse sur les prix des produits laitiers du Canada si leurs produits pouvaient entrer au pays plus librement avec l’abandon du système de gestion de l’offre. Cela, comme beaucoup le craignent au Canada, serait nuisible aux petites fermes laitières qui dépendent des mesures de gestion des prix pour assurer la stabilité de leurs bénéfices.
Puisqu’une entente entre les 12 pays semble actuellement reposer sur l’approche qu’a Canada à l’égard des produits laitiers, les représentants des États-Unis mettent publiquement la pression sur leurs voisins du Nord pour qu’ils mettent fin aux protections en vertu du système de gestion de l’offre.
« Les Canadiens doivent aller de l’avant et montrer du sérieux en ce qui a trait aux questions agricoles et laitières », a affirmé le représentant républicain Paul Ryan, selon les médias.
Le représentant préside le comité de la Chambre des représentants qui supervise le commerce, et son État produit trois fois plus de fromage que tout le Canada réuni, un incitatif probable à investir le marché grâce à la conclusion d’un PTP. Du côté des États-Unis, certains perçoivent la lutte aux restrictions sur les produits laitiers comme un prolongement des points d’achoppement non résolus de l’Accord de libre-échange nord-américain et d’un autre accord de libre-échange négocié antérieurement avec le Canada. Il y a bon espoir que les négociations aboutiront d’ici la fin du mois, mais compte tenu de l’obstacle des produits laitiers, les négociations pourraient encore être retardées. Voilà qui est malheureux pour l’agriculture américaine, un secteur de l’économie du pays qui devrait profiter le plus du PTP.
Les États-Unis sont prêts à aller de l’avant sans le Canada si une entente sur les produits laitiers n’est pas conclue
Des rapports ont émergé et font état de directives données aux négociateurs américains de compléter les négociations sans le Canada, s’il refuse de lever les restrictions sur les importations de produits laitiers. L’agence Reuters a rapporté que plusieurs sénateurs américains ont rencontré Michael Froman, le représentant au Commerce des États-Unis, pour lui demander de faire progresser les négociations si le Canada ne dépose pas une offre sur l’agriculture. M. Froman préfère poursuivre les négociations avec le Canada, mais il est disposé à aller de l’avant avec les autres nations participantes si les restrictions sur les produits laitiers, ainsi que sur la volaille et d’autres produits agricoles, ne sont pas levées.
Max Moncaster, un porte-parole du ministre du Commerce du Canada Ed Fast, a confié aux médias que le pays est prêt à poursuivre des discussions entourant le PTP qui créeraient de nouvelles occasions pour plusieurs, mais il a ajouté qu’il travaillera aussi à protéger les intérêts de la nation qu’il représente.
« [Ottawa] continuera de promouvoir et de défendre les intérêts commerciaux canadiens dans tous les secteurs de notre économie, y compris la gestion de l’offre », a indiqué M. Moncaster à l’agence Reuters.