Le Department of Transportation des États-Unis (DOT) a décidé en dernier ressort le mois dernier que l’étude qu’il avait commandée en vue de modifier les limites fédérales sur la taille et le poids des camions n’était pas suffisante pour influencer les décisions du Congrès américain. Toutefois, un groupe d’expéditeurs a récemment indiqué que l’étude fournit, en fait, tout ce que le Congrès a besoin de savoir pour apporter les modifications.
Le mois dernier, le DOT a qualifié de « profonde » l’insuffisance des données de son étude en recommandant que les renseignements ne soient pas utilisés pour toute considération des limites imposées sur la taille et le poids des camions, selon le Journal of Commerce (JOC). L’étude a été commandée en 2012, et visait à déterminer l’incidence que l’utilisation de camions plus grands aurait sur la sécurité routière, l’infrastructure, les efforts d’application et le changement de mode de transport.
Les entreprises de transport soutiennent que l’étude du DOT contient suffisamment de données
La Coalition for Transportation Productivity (CTP) a écrit une lettre au Congrès pour expliquer que l’étude, en fait, débouchait sur certaines conclusions importantes. Le groupe de 200 expéditeurs et d’associations affiliées indique que les données de l’étude soutiennent l’utilisation de camions plus grands sur les routes. Le groupe affirme qu’une transition vers des camions de 91 000 et de 97 000 livres améliorerait la sécurité routière et que l’effet sur le changement de mode de transport serait négligeable.
Certains ont craint que des camions plus lourds puissent faire augmenter les accidents graves et mortels sur les routes. Toutefois, ceux qui sont pour un changement des limites estiment que des camions plus grands aideraient les entreprises de transport à acheminer les marchandises du commerce électronique de façon plus efficace, estime le JOC. Ceux qui proposent l’utilisation de grands camions, comme l’American Trucking Association (ATA), croient également que les grands camions amélioreraient la sécurité routière. En outre, des véhicules qui acheminent plus efficacement les marchandises faciliteraient la question de la disponibilité des chauffeurs, un problème qui mine l’industrie du camionnage.
Le DOT mentionne l’insuffisance des statistiques sur les accidents de la route comme raison pour s’opposer à la modification des limites
Puisqu’un tel changement comporte beaucoup d’incertitudes, on a demandé au DOT d’examiner entre autres choses la taille des camions afin de déterminer si des véhicules plus imposants rendraient les routes plus dangereuses. Le DOT a avisé le Congrès de ne pas modifier les limites fédérales sur la taille des camions en raison de l’insuffisance des données, après avoir examiné la question pendant trois années et compilé 1 100 pages d’information.
Peter M. Rogoff, sous-secrétaire du transport, a indiqué que les chercheurs ne disposaient pas de suffisamment de données tirées des rapports sur les accidents de la route pour déterminer le poids des véhicules impliqués dans les collisions, relève le JOC. Le DOT a également indiqué qu’il n’était pas en mesure de déterminer, lors des accidents, si la charge des camions était entière ou s’il y avait surcapacité, et si la charge était équitablement distribuée. Les organisations ferroviaires ont bien accueilli le désaveu que le DOT a fait de ses propres recherches.
La CTP juge suffisantes les données de l’étude du DOT pour soutenir l’utilisation de camions plus grands
La CTP, de son côté, n’est pas du même avis. L’information que le groupe a tirée de l’étude du DOT comprend un feuillet de renseignements qui a été inclus dans la lettre adressée au Congrès. Ce feuillet démontre des aspects favorables à la sécurité routière, à l’efficience et aux changements de mode de transport. L’organisation indique qu’il n’y a pas beaucoup de différence dans la manoeuvrabilité d’un camion à cinq ou à six essieux. Il a été démontré que les manoeuvres de virage et de freinage d’un camion plus grand sont comparables au véhicule de contrôle utilisé dans la recherche.
L’étude a aussi démontré qu’une transition vers des camions plus grands ne nécessiterait pas d’investissements coûteux dans l’infrastructure et réduirait en fait les temps de déplacement des véhicules, selon les constatations que la CTP tire des données. Le groupe a de plus établi que le rehaussement des limites fédérales sur la taille et le poids des camions n’aurait pas d’incidences importantes sur les changements de mode de transport. Bien qu’une transition du transport ferroviaire au transport routier soit possible, l’industrie de 70 milliards de dollars n’en ressentirait pas trop les effets.
« L’une des constatations notables de l’étude du DOT est le déroutement minimal du transport ferroviaire au transport routier en raison de camions plus productifs, explique la lettre du groupe. Un déroutement aussi minime serait plus qu’atténué par la projection de l’accroissement du volume de marchandises pour tous les modes de transport. »
Malgré ces constatations du CTP, les groupes ferroviaires maintiennent leur opposition aux grands camions.
Les groupes ferroviaires demeurent toutefois opposés à l’idée d’accroître la taille des camions. L’American Association of Railroads (AAR), le plus important lobby ferroviaire aux États-Unis, exprime sa propre opposition aux modifications des limites de taille et de poids des camions.
« L’industrie du transport ferroviaire en 2015 s’opposera à toute tentative pour accroître les limites actuelles de la taille et du poids des camions, peut-on lire dans le rapport sur les perspectives 2015 de AAR, souligne le JOC. Des camions plus grands et plus lourds signifieront davantage d’engorgements sur les routes, produiront des dommages environnementaux plus importants et occasionneront des coûts plus élevés pour les contribuables visant la réfection des routes et des ponts. »
Il reste à voir comment, le cas échéant, la lettre de la CTP parviendra à convaincre le Congrès. Bill Graves, président de l’ATA, avait auparavant accusé le DOT de se plier à l’administration en désavouant sa propre recherche, puisque, juste avant sa publication, la Maison-Blanche avait fait connaître son opposition à l’augmentation de la taille des camions.