Un accord de libre-échange entre les pays de la côte du Pacifique a finalement été conclu après huit ans de négociations, mais les bienfaits d’une telle entente feront l’objet de débats au Canada où elle deviendra très certainement un enjeu important en cette période d’élections fédérales.
Stephen Harper, premier ministre du Canada et chef du Parti conservateur, croit que le Partenariat transpacifique est dans l’intérêt supérieur du pays. L’accord entre les douze pays, qui comptent pour près de 40 % de l’économie mondiale, facilitera l’accès aux marchés de l’Asie et du Pacifique tout en protégeant les emplois actuels et en en créant de nouveaux, a-t-il expliqué. Le premier ministre croit que cet accord, qui ouvrira comme jamais auparavant des débouchés à l’industrie de l’agriculture canadienne et transformera le marché nord-américain des pièces automobiles, est une initiative dont tous se féliciteront encore dans un siècle.
« Contrairement aux libéraux, qui n’ont pratiquement aucun bilan en matière de commerce, ou au NPD, qui a promis de déchirer l’accord, les conservateurs savent que les exportateurs canadiens peuvent faire concurrence pour ce que le monde a de meilleur à offrir, et gagner, a expliqué M. Harper dans une déclaration. Les gouvernements conservateurs ont créé pratiquement la totalité de l’accès de libre-échange du Canada dans le monde, et nous allons continuer à ouvrir de nouveaux marchés pour les entreprises et les travailleurs canadiens. »
Le chef du NPD, Tom Mulcair, fait entendre son opposition au PTP
Alors que Stephen Harper et les conservateurs approuvent l’accord de libre-échange, la déclaration de Tom Mulcair démontre que les opinions divergent entre les partis. Le NPD, par exemple, ne voit pas le PTP du même œil que M. Harper et ses partisans. Tom Mulcair a déclaré que seul le NPD était prêt à se tenir debout devant les promoteurs du PTP. Dans une lettre envoyée à M. Harper, il explique que le NPD ne serait pas lié par l’accord de libre-échange transpacifique s’il est élu.
Le Globe and Mail rapporte que, dans une lettre adressée au ministre fédéral du Commerce international, Ed Fast, M. Mulcair a écrit :« Vous n’avez pas le mandat de faire des concessions qui pourraient mettre en péril des milliers d’emplois bien rémunérés au Canada et les collectivités qui en dépendent. Ces changements auront des répercussions sur des millions de Canadiens chaque jour. Votre gouvernement conservateur n’a pas consulté les Canadiens avant de faire ces concessions et vous n’en aviez de toute façon pas le mandat. »
M. Harper a répondu aux attaques répétées du NPD sur le PTP en déclarant que le parti a adopté une « idéologie protectionniste ».
Les libéraux cherchent un juste milieu et font un appel à la transparence
Alors que le NPD et les conservateurs sont en pleine joute oratoire à propos de la validité et des avantages du PTP (ou de leur absence), le Parti libéral semble adopter une approche de milieu de terrain en évitant d’attaquer l’accord sans pour autant louanger le mode de négociation adopté par le gouvernement Harper. Estimant que l’accord n’a pas été négocié avec transparence, Justin Trudeau, chef du Parti libéral, a déclaré que, si son parti remporte les élections, il tiendra un débat ouvert afin d’évaluer si le Canada peut profiter de cette entente. Il semble cependant avoir de grandes attentes envers cet accord.
« Ces économies parmi les plus grandes du monde s’unissent pour conclure cette entente, souligne M. Trudeau. Il est important que le Canada en fasse partie. »
Les élections approchant à grands pas, les trois partis présentent des visions différentes, le Parti conservateur et le NPD se positionnant aux pôles, et le Parti libéral, au centre. Si le parti de M. Harper gagne les élections, le PTP a plus de chance de progresser, alors que si M. Mulcair et le NPD l’emportent, l’accord fera face à une vive opposition au Canada. S’ils sont élus, les Libéraux de M .Trudeau ont l’intention de mettre sur pied un forum public afin de s’assurer que l’accord est bénéfique pour l’ensemble des Canadiens avant de prendre quelque décision que ce soit.