Cet article a été publié le 10 avril 2017 dans le Global Trade Magazine
Par Mike Meierkort, président, solutions de transit international et de transport de la Société internationale Livingston
Le 1er avril, pendant que de nombreux Américains s’amusaient à faire des blagues de poisson d’avril, un événement important avait lieu dans l’univers du commerce mondial, que la grande majorité des propriétaires d’entreprise n’ont probablement pas remarqué.
Cet événement fut la création de nouvelles alliances entre les transporteurs maritimes, coordonnées à la suite de la faillite spectaculaire de Hanjin en octobre 2016 et en réaction à une diminution des échanges commerciaux mondiaux qui ont empêché de nombreux transporteurs de remplir leurs navires à capacité.
Dans le cadre du nouveau régime, les transporteurs maritimes du monde sont organisés en trois alliances principales, chacune ayant une présence plus forte ou plus faible que précédemment dans les voies maritimes internationales. Par exemple, le Wall Street Journal indique que 2M (alliance de Maersk and MSC) aura une présence beaucoup plus forte en Europe-Asie avec 34 pour cent du marché, par comparaison à l’Amérique du Nord-Asie où elle ne détiendra que 17 pour cent du marché.
Ces alliances seront critiques pour les entreprises américaines, particulièrement dans le secteur des biens de consommation. Les transporteurs maritimes par conteneurs transportent la grande majorité des produits fabriqués dans le monde, dans des navires de plus en plus grands qui sont déchargés dans les ports.
Bien que les nouvelles alliances puissent donner lieu à une meilleure prévisibilité pour les expéditeurs et peut-être à des tarifs plus uniformes, on peut s’attendre à une période de perturbations à court terme pendant que les transporteurs et les ports s’adaptent à la nouvelle réalité du fret maritime à l’échelle mondiale.
Ces perturbations exerceront inévitablement un impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales des entreprises américaines, qui comptent beaucoup sur la libre circulation des importations et le transport des produits finis vers les principaux marchés du monde. Ces entreprises devront prendre des mesures préventives pour mitiger l’impact de ces perturbations ou pour les gérer de manière à ne pas compromettre leur trésorerie et leurs relations avec les clients et les fournisseurs.
Voici quatre mesures que les entreprises devraient envisager de prendre pendant cette période de transition:
Passer en revue leurs transporteurs. Les entreprises qui ne sont pas forcées de changer de transporteur à la suite des nouvelles alliances ne sont cependant pas à l’abri des perturbations. Le nouveau modèle d’alliances verra certains transporteurs, qui utilisent les mêmes ports depuis des années, décider d’accoster ailleurs, ce qui pourrait occasionner des retards de traitement dans leurs nouveaux ports d’escale. Les expéditeurs devraient également savoir si leur navire porte-conteneurs se rendra directement au port ou fera un transbordement, ce qui donnera lieu non seulement à un temps de transit plus long, mais aussi à un supplément de coût.
Préciser les attentes. Pour qu’une chaîne d’approvisionnement internationale fonctionne bien, il faut communiquer et collaborer régulièrement avec les fournisseurs, les distributeurs et les transporteurs. Il est important de laisser savoir aux partenaires de la chaîne d’approvisionnement si la nouvelle structure des alliances peut entraîner des retards et des perturbations. Cela leur permettra de mettre en place leurs propres mesures d’urgence et de minimiser ainsi le dérangement de la chaîne d’approvisionnement globale. Ces précautions limiteront les coûts supplémentaires éventuels pour les entreprises et diminueront les retards et l’insatisfaction des clients.
Évaluer l’impact des coûts. Les transporteurs qui utilisent des ports différents de leurs ports précédents pourraient encourir des droits de quai et des frais de traitement plus élevés, qu’ils transféreront inévitablement aux frais de transport des expéditeurs. Cependant, l’impact potentiel des coûts ne s’arrête pas là. La plupart des marchandises traitées dans les ports maritimes seront livrées à des destinations intérieures. Les nouveaux ports utilisés à la suite d’un changement d’alliances entre les transporteurs pourraient se trouver plus loin de leurs destinations intérieures finales, entraînant ainsi une augmentation des coûts de transport terrestre. Il faut également tenir compte du fait que la prolongation des temps de traitement dans les ports pourrait donner lieu à des temps d’immobilisation plus longs pour les transporteurs terrestres, ce qui augmenterait encore le coût total du transport des marchandises d’un point A à un point B.
Éviter l’utilisation d’un transporteur unique. La plupart des entreprises utilisent le même transporteur ou la même alliance pendant des années, mais une certaine souplesse s’avère souvent utile pendant les périodes de perturbations. Les entreprises devraient consulter leurs conseillers en commerce international pour déterminer s’il est intéressant de conserver leurs transporteurs habituels ou si la nouvelle structure des alliances rend un changement plus logique (en incorporant une certaine redondance), au moins à court terme. En intervenant activement, on évitera les retards et les problèmes dans les ports et aux frontières, qui ont pour effet non seulement de perturber les chaînes d’approvisionnement, mais aussi, peut-être, d’endommager les relations avec les partenaires et les consommateurs.
Il est certain que la nouvelle structure des alliances n’immobilisera pas le transport maritime à l’échelle mondiale, mais il est plus que probable qu’un certain degré de perturbation aura lieu à court terme et pourrait avoir des conséquences négatives à long terme. Les entreprises feraient bien d’examiner activement comment minimiser cet impact, au lieu de faire face à des difficultés de transition au fur et à mesure.
Mike Meierkort est président, solutions de transit international et de transport de la Société internationale Livingston, une entreprise de services de commerce international spécialisée dans le courtage en douane, le transit international, la gestion du commerce mondial et le conseil en commerce international.