Les ports de la côte Est ont profité des affaires perdues par les complexes de la côte Ouest après neuf mois de congestion croissante sur le Pacifique, mais il semble que cette période faste tire graduellement à sa fin, ou du moins qu’un arrêt temporaire soit à envisager.
Des problèmes de congestion encore jamais vus ont grevé les ports de la côte Ouest à la fin de 2014 et pendant les premiers mois de 2015 pour une variété de raisons, parmi lesquelles figurent les négociations entre la Pacific Maritime Association (PMA) et la International Longshore and Warehouse Association Union (ILWU). Les retards ont incité plusieurs expéditeurs à faire dévier leurs marchandises vers la côte Est. Ils avaient un plus long chemin à faire, mais au moins ils savaient à quel moment leur fret arriverait à destination et qu’ils ne se heurteraient pas au problème de la congestion qui était devenue monnaie courante à Los Angeles ou Long Beach. Toutefois, il semble que la préférence pour la côte Est ait ses limites, et que, pour un certain temps du moins, certaines compagnies maritimes retournent vers l’ouest.
Cet engouement n’était peut-être pas aussi durable qu’on le pensait
Les ports de la côte Ouest ne se sont pas encore totalement remis des niveaux inouïs de congestion qu’ils avaient connus pendant les négociations PMA-ILWU. À titre d’exemple, selon le Wall Street Journal, le volume des conteneurs arrivant au port de Los Angeles a connu une baisse de 3,5 % de juillet 2014 à juillet 2015.
En effet, d’après l’article publié dans ce journal au mois de juillet, la lenteur de la reprise sur la côte Ouest expliquerait en partie la décision de certaines compagnies maritimes de s’installer définitivement sur la côte Est. Marc Bourdon, directeur de la division des États-Unis pour la compagnie maritime française CMA CGM SA, a déclaré à le bureau de presse que les expéditeurs « chérissent leurs petites habitudes ». Dès qu’ils trouvent quelque chose qui leur plaît et qui est fiable – comme les ports moins encombrés de la côte Est –, ils ont du mal à l’abandonner.
Eh bien, un petit mois plus tard, il semble que d’autres compagnies maritimes raffolent un peu moins de la côte Est que M. Bourdon.
« Je pense que certaines personnes ont exagéré le volume de fret que la côte Ouest perdrait pour toujours », a récemment déclaré au Wall Street Journal l’économiste en chef de Moffatt & Nichol, Walter Kemmsies. Celui-ci estime qu’un « tout petit pourcentage du trafic déplacé demeurera en permanence sur la côte Est ».
Ralentissement de la croissance du trafic de conteneurs sur la côte Est au cours des derniers mois
La croissance d’un certain nombre de ports de la côte de l’Est semble diminuer progressivement. Par exemple, selon le Wall Street Journal, l’augmentation d’une année sur l’autre des volumes de conteneurs au port de Savannah a été moins importante en juillet qu’en juin, à savoir respectivement de 10,3 % et 23,2 %. En attendant, le nombre total d’unités en équivalents vingt pieds (EVP) dans le port a diminué de 2 %, soit de 324 242 EVP, de juin à juillet en raison de la chute des exportations. Les importations ont également diminué à Savannah. En ce qui concerne les importations, au cours des six premiers mois de l’année, le volume des conteneurs chargés a connu une croissance moyenne de 33,9 %. D’autre part, le volume de conteneurs à l’importation a augmenté d’un peu moins de la moitié de cela en juillet, soit 16,4 %. Par ailleurs, le complexe Savannah n’est pas le seul à voir son achalandage fondre comme neige au soleil. Le port de Virginie a connu un ralentissement similaire. En effet, d’une année sur l’autre, son volume annuel en EVP a moins augmenté en juillet qu’en juin – respectivement 8,8 % et 14,5 %.
D’après ses prévisions globales de l’expansion économique, M. Kemmsies pense que la croissance du volume dans les ports de la côte Est ralentira d’environ 5 % à 8 %, selon le Wall Street Journal.
« Toute croissance supérieure à cela n’est pas vraiment stimulée par le marché, mais plutôt par la recherche d’économies ou autres efforts en ce sens », a-t-il expliqué au journal.
L’expansion du canal de Panama pourrait renvoyer le trafic vers l’est
Toutefois, ce ralentissement ne représente pas nécessairement l’effondrement du boom récent de la côte Est. Agrandi il y a peu de temps, le canal de Panama pourrait faire abonder les conteneurs sur la côte Est. Le Boston Consulting Group et C.H. Robinson pensent que ce facteur pourrait doper la croissance aux complexes portuaires américains de la côte Est. D’après la recherche conjointe menée par ces deux organismes, « jusqu’à 10 % du trafic de conteneurs entre l’Asie orientale et les États-Unis pourraient passer des ports de la côte Ouest à ceux de la côte Est d’ici 2020 ».
Même si cela peut sembler peu, 10 % représentent en fait un gros volume de conteneurs sur la route très fréquentée qui sépare l’Asie orientale et les États-Unis. En fait, il s’agit de 40 % des conteneurs qui transitent vers les États-Unis, ce qui signifie qu’un tel changement est « l’équivalent de la construction d’un nouveau port presque deux fois plus gros que ceux de Savannah et de Charleston ».
La capture du trafic de la côte Ouest par la côte Est semble ralentir, mais le canal de Panama pourrait renverser cette tendance au cours des cinq prochaines années, ce qui renverrait les expéditeurs vers des complexes portuaires tels que ceux de Savannah et de la Virginie.